Quelles sont les principales causes d’échec scolaire en Suisse ?
Les causes de l’échec scolaire sont multiples. Il est important de pouvoir déterminer la cause du problème. Comment un étudiant peut être brillant une année et s’écrouler l’année suivante ? Le problème est souvent autre chose qu’une incapacité aux études. Il est primordial de soutenir l’étudiant dans son problème et d’éviter de le mettre à l’écart de ses camarades de classe. L’isolement peut faire empirer la situation. Les causes de l’échec scolaire deviennent plus profondes et il est difficile de remonter à la surface.
Le manque de motivation ou d’intérêt de l’étudiant
Un étudiant désintéressé par la matière d’apprentissage est facilement démotivé par le système scolaire. Forcer quelqu’un à suivre un cursus est contreproductif. On voit, quelquefois, des parents qui envisagent une voie pour leur enfant qui est néfaste. Ils font une projection de leur désir, frustration ou code social sur leur progéniture. Mais comment peut-on envisager qu’un étudiant doué pour les langues s’épanouisse dans un cursus de mathématiques ? Orienter correctement l’adolescent ou le jeune adulte fait partie du job des parents. Il est important de s’impliquer dans ses études et de lui montrer la voie à suivre.
L’isolement nuit à l’évolution de l'étudiant
Un étudiant qui est écœuré par les études trouvera d’autres centres d’intérêts. Dans le meilleur des cas il se trouve une occupation qui le mène à un emploi passionnant. Toutefois la plupart du temps, ses autres centres d’intérêts s’avèrent néfastes. Chaque jour il s’éloigne un peu plus d’une routine qui lui permet de garder le cap. Il devient asocial, isolé et inapte. Il lui est donc difficile de se réinsérer dans la société.
Être mis au ban de la société est mal perçu pour l’étudiant. Il peut se réfugier dans une dépression persistante. Préférant cet état émotionnel à la violence que lui renvoie le système scolaire, il passe à côté d’opportunités.
Dès qu’on ressent des signes de faiblesse chez quelqu’un qui nous est proche, on doit déceler la cause du problème. Un bon élève qui devient un mauvais étudiant est une alerte. Le blocage vient souvent d’une source qu’on a de la peine à envisager. Réagir à temps fait gagner de précieux mois à la reconstruction de la valeur de soi.
Le déficit intellectuel est un facteur mineur d’échec scolaire
On devrait éviter d’évaluer les étudiants sur des tests de capacité intellectuelle car cela ne correspond qu’à une partie du problème. Seulement 2% des élèves sont réellement en incapacité de traiter des données, des concepts ou des opérations. Prendre uniquement le quotient intellectuel comme base de comparaison nous fait passer à côté du quotient émotionnel et du quotient d’adaptabilité.
Malheureusement, le domaine de l’enseignement se base sur des critères qui perdurent avec le temps. A cause d’un biais social, beaucoup d’instructeurs sont conditionnés à écarter les mauvais élèves pour se concentrer sur ceux qui ont du potentiel.
Que pensez de tous ces entrepreneurs talentueux qui ont été de mauvais élèves ?
Le cas Sophia Amoruso
J’aime particulièrement l’histoire de Sophia Amoruso qui était en décrochage scolaire. Quittant l’école à l’âge de seize ans, elle a vivoté de petits emplois en petits emplois. Stigmatisée comme un cancre, elle était pour son père l’exemple parfait de l’échec scolaire. Elle fut diagnostiquée dépressive et ayant des troubles de l’attention ainsi que de l’hyperactivité.
Son principal passe-temps était de dénicher des vêtements vintages dans des friperies. Un jour elle a l’idée de customiser un vêtement et de le vendre sur eBay. Forte de son succès elle récidive à chaque fois avec triomphe. Sophia Amoruso créé une communauté de fidèles clients qui attendent impatiemment ses prochains modèles. Elle a enfin trouvé sa voie. La jeune fille paumée devient une entrepreneuse en charge de son marketing, sa communication et son management.
Très rapidement elle décide de faire évoluer son affaire en allant à la recherche de financements extérieurs mais toujours en étant sous-estimée comme jeune femme inexpérimentée. Elle ira contre les conventions collectives et créera une des plus florissante société du e-commerce mondial. De sa marque Nasty Gal à son entreprise Girl Boss Media, Sophia Amoruso vole depuis de succès en succès. Elle est une source d’inspiration pour des millions de femmes qui désirent se lancer dans l’entreprenariat.
Son livre #GirlBoss qui raconte son parcours a été adapté dans une série par Netflix en 2017.
Les problèmes d’apprentissage sont un frein à la connaissance
Pour s’épanouir un étudiant ayant des problèmes d’assimilation devrait être encadré par des professionnels qualifiés. On pourra ainsi déceler si d’autres techniques d’apprentissage peuvent lui permettre d’acquérir les connaissances nécessaires. La dyslexie ou la dyscalculie, entre autres, sont des troubles courants. Certaines personnes sont inconscientes de leur problème. Ainsi elles se renferment sur elles-mêmes en pensant qu’elles sont incapables de réussir quelque chose. Toutefois, une fois diagnostiquées, ces personnes peuvent s’épanouir et obtenir de meilleurs résultats que leurs camarades de classe.
Ce changement de paradigme change la vie de personnes qui voyaient l’avenir brouillé, incertain et difficile. Le fait d’accompagner correctement ces légers troubles éradique une grande partie du taux d’échec scolaire.
Lors de vos études, avez-vous été largué par le cours d’un professeur ?
Nous avons tous été confrontés à ce genre de situation dans notre cursus scolaire. Puis un autre enseignant ou camarade nous explique la matière. Tout devient alors clair comme de l’eau de roche. Il a tout simplement suffi d’une autre approche pour comprendre. L’expérience nous enseigne qu’il existe plusieurs chemins pour arriver à destination.
Comment les problèmes de vue peuvent être source d’échec scolaire ?
Les personnes qui ont des problèmes de vue sont susceptibles de faire partie des personnes étant en échec scolaire. C’est amusant d’en arriver à ce constat tant la vision du bon élève est ancrée sur une personne portant des lunettes. Mais voilà, le problème est plutôt lié à ceux qui justement en sont exempts. Tout comme les problèmes d’apprentissage c’est le manque de diagnostic qui amène les étudiants à se désintéresser des études.
Quelqu’un qui est conscient qu’il doit porter des lunettes voudra peut-être éviter d’en parler par norme sociale. Il préférera être perçu comme quelqu’un de cool. Porter des montures oculaires le fera passer dans un autre camp.
Il y a aussi celui qui est inconscient de son problème car minime. Il arrive à déceler ce qui est écrit sur le tableau. Toutefois, cela crée, tout comme pour celui qui fait un rejet, des maux de tête et autres troubles dérangeants. Effectivement, les textes et les images sont flous sur le tableau. Il est difficile pour notre cerveau d’assimiler sur la durée la connaissance si l’information est brouillée.
Les étudiants qui ont une facilité à apprendre par l’écoute arrivent à passer dans les mailles du filet. Les soucis arrivent quand la majorité du cours est donnée sur tableau comme cela se fait de plus en plus. Les présentations Powerpoint deviennent le calvaire de ces élèves.
Encore une fois, un bon diagnostic et l’acceptation de notre petit problème peut nous permettre de lutter contre l’échec scolaire.
L’environnement sociodémographique est-il une source d’échec scolaire ?
Les études statistiques nous démontrent que le lieu où habitent les élèves peut influencer leur taux de réussite. Cela est en réalité vrai pour les établissements scolaires dont les étudiants sont obligés de provenir du quartier où il est implémenté. Les écoles ont des niveaux d’enseignements inégaux.
Depuis quelques années on essaye de créer de la mixité dans les écoles mais certains quartiers restent défavorisés. Les meilleurs professeurs étant happés par les établissements ayants les moyens de les attirer. Il est étrange, encore à notre époque, de trouver des ghettos positifs et négatifs. Peu d’échecs scolaires dans les premiers et de nombreux dans les seconds.
Mais le problème est-il le quartier ou simplement autre chose ?
Souvent c’est la façon d’aborder le problème qui change la donne. C’est comme cette école se trouvant en Californie qui fournit un enseignement de musique classique à des étudiants issus des classes défavorisées. Le simple fait que les étudiants puissent pratiquer un instrument a façonné leur cerveau à être plus réceptif et plus compétent. Le taux d’échec a baissé et le taux de réussite d’entrées à l’université a augmenté.
On peut découvrir cette merveilleuse histoire et plein d’autres dans le documentaire « Le cerveau des enfants » de Stéphanie Brillant, produit par Jupiter Films.
Arrêtons de nous acharner sur l’échec scolaire et focalisons-nous sur le taux de réussite
Chaque étudiant doit être pris en charge dès le début de l’année. C’est en déterminant quel est son profil d’apprentissage que chacun des professeurs pourra adapter son cours pour l’ensemble de la classe. On a déterminé actuellement sept profils d’apprentissage qui catégorisent l’interaction qu’il faut avoir avec l’apprenant. Mais également comment chaque groupe d’individus doit communiquer avec les autres. Certaines personnes ont besoin pour assimiler la connaissance d’un soutien auditif, visuel ou tactile. C’est en tenant compte de tous ces paramètres qu’on arrive à obtenir des classes vivantes.
En ayant des salles de classe qui s’adaptent à la matière, à l’étudiant et à l’environnement, on crée de nouvelles possibilités d’apprentissage. Le simple fait de moduler la disposition des tables peut provoquer de nouvelles connexions. Un professeur pourrait très bien envisager de donner son cours en marchant dans un parc tout en faisant intervenir les élèves. En sortant de leur zone de confort, ils devront aller chercher différemment l’information nécessaire à la réponse.
Cassons la routine
« La folie, c’est reproduire tous les jours la même chose en pensant que quelque chose va changer » disait Albert Einstein.
Il faut bousculer les conventions et pousser chacun à se dépasser. C’est ensemble que nous créons la connaissance. Professeurs et étudiants sont maintenant liés à travers un pacte social. A une époque où la connaissance se trouve partout accessible, l’enjeu se trouve dans l’humain. Un enseignant transmettant son savoir peut également apprendre de ses élèves.
Platon se retournerait dans sa tombe et Socrate se roulerait dans la cigüe. Mais la façon d’apprendre n’a cessé d’évoluer. Des méthodes comme celle de Montessori, jusqu’aux découvertes des neurosciences, l’enseignement est une science sociale qui est encore en mouvement.
Donnons les meilleurs outils à nos enfants et ils construiront des bibliothèques de connaissances.